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Joker : Folie à deux n’a rien d’une comédie musicale, mais ce n’est pas plus mal

  • Tadaam
  • Oct 10, 2024
  • 4 min read

On se souvient encore de l’onde de choc provoquée par le premier Joker. Todd Phillips nous proposait alors une vision sombre, brutale et, osons le dire, inédite du célèbre clown de Gotham. Le pari était risqué, mais le film avait conquis la critique et le public, avec un Joaquin Phoenix habité par son rôle d’Arthur Fleck. Alors, quand Joker : Folie à deux a été annoncé, la curiosité a rapidement laissé place à une fébrilité palpable. Le résultat ? Un film qui nous laisse un goût mitigé, oscillant entre audace et confusion.


Une introduction qui donne le ton

Dès les premières minutes, Joker : Folie à deux nous prend à contre-pied avec une séquence animée à la Looney Tunes, réalisée par Sylvain Chomet, le créateur des Triplettes de Belleville. Ce cartoon décalé tente d’expliquer la fin du premier film en jouant sur la dualité entre le Joker et Arthur Fleck, comme s’ils étaient des doppelgangers. C’est une introduction surprenante, habilement menée, qui instaure immédiatement un ton singulier, entre humour noir et malaise. Une fois ce cartoon terminé, on entre dans le vif du sujet : l’univers carcéral d’Arkham dans lequel survit Arthur Fleck. 


La photographie et l’ambiance : on y est… presque

On retrouve dans Folie à deux la photographie étouffante et glauque qui faisait la force du premier volet. Cette atmosphère sombre et étouffante, si caractéristique de Gotham, cède toutefois la place à un univers plus confiné, dans lequel, et les personnages, et le spectateur perdent leurs repères. Plus de ville, plus de temporalité, seulement la crasse et la puanteur d’Arkham. Il faut le reconnaître, ce n’est pas forcément une mauvaise chose. L’asile est brillamment dépeint, avec ses couloirs austères et ses recoins sinistres qui semblent refléter l’état d’esprit torturé de ses occupants. L’ambiance y est pesante, presque suffocante, mais cette réduction de l’espace de jeu donne parfois l’impression d’asphyxier le récit lui-même.


Un film musical, vraiment ?

Le plus gros pari de Todd Phillips pour cette suite, c’était son choix de faire de Joker : Folie à deux un film musical. Et là, on est face à quelque chose de franchement déroutant. Les passages musicaux, bien qu’audacieux, peinent à s’intégrer harmonieusement au reste du film. Ils évoquent par moments La La Land (la scène sur le toît de l’asile devenu hôtel dans l’imagination des protagonistes), sans toutefois atteindre la même maîtrise du jeu, des couleurs, du rythme... L’idée de traduire la folie du personnage par la musique aurait pu être brillante, mais au final, elle alourdit le film plus qu’elle ne l’enrichit.

On se retrouve face à des scènes où la narration stagne, et où les longueurs se multiplient. Il y a une forme de rupture de ton qui, si elle s’inscrit dans la logique du personnage peu fiable qu’est Arthur/Joker, ne parvient pas à convaincre. En fait, on passe plus de temps à se demander où le film veut nous emmener qu’à réellement entrer dans son délire.


Joaquin Phoenix et Lady Gaga : ça fonctionne ?

Dans le rôle d’Arthur Fleck, Joaquin Phoenix est toujours aussi magistral. Il incarne à la perfection la dualité de son personnage, dodelinant entre le Joker, infernal, et le Fleck vulnérable et brisé. Chaque geste, chaque regard respire l’instabilité et la souffrance intérieure, et rien que pour ça, Joker : Folie à deux mérite que l’on s’y attarde.

Du côté de Lady Gaga, la surprise est plus mitigée. Elle endosse le rôle d’Harley Quinn/Harleen Quinzel avec un jeu assez maîtrisé, mais sans véritable éclat. On attendait peut-être plus de folie, plus de profondeur dans son interprétation, mais c’est finalement dans les passages chantés qu’elle brille le plus. Pourtant, malgré son investissement, l’alchimie avec Phoenix ne parvient jamais vraiment à décoller, ce qui laisse certaines scènes clés un peu fades.


Une folie trop maîtrisée ?

Ce qui frappait dans le premier film, c’était cette montée progressive vers la folie, et, en par effet miroir, cette descente aux enfers qui finissait par nous happer. Ici, on est davantage dans une folie sur-exposée, presque trop prévisible. Le film joue constamment avec ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, sans jamais véritablement nous emporter dans ce flou artistique. À force de vouloir trop en faire, on se retrouve parfois désorientés, voire perdus dans ce que le film tente de raconter.

La fin, quant à elle, est audacieuse, mais laisse un goût d’inachevé. On termine avec cette envie d’en voir plus, de comprendre davantage ce qui se trame dans l’esprit agité du Joker. Mais au final, cette conclusion laisse un sentiment de frustration, comme si le film avait manqué l’occasion de vraiment marquer les esprits.


Joker : Folie à deux est un film audacieux, c’est indéniable. Todd Phillips tente de nous embarquer dans une nouvelle facette de la folie d’Arthur Fleck, mais le film souffre de longueurs, d’un rythme inégal et d’un changement de ton qui ne convainc pas toujours. Joaquin Phoenix reste impérial, mais même lui ne parvient pas à sauver ce deuxième opus de ses propres excès. Une suite qui, à trop vouloir être originale, finit par perdre une partie de l’impact du premier film.


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